Prélude
En 1864, les colonies britanniques de l'est étaient : La Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l'Île du prince Édouard, Terre-Neuve, et la province du Canada-Uni. Chacune avait sa législature, son propre gouverneur, relevait directement du gouvernement britannique, et n'entretenaient entre elles que de faibles liens commerciaux. À l'ouest du Canada-Uni, il y avait des territoires qui avaient à peine été exploités, les terres de Rupert.
Colonies à la veille de la Confédération
Reproduction autorisée par le Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. |
Depuis le traité de Paris de 1763, et surtout après la guerre d'Indépendance des États-Unis, la défense des colonies britaniques de l'Amérique du Nord était un souci constant de l'Angleterre. Jusqu'à vers 1860, au moins une douzaine de projets d'unification de ces colonies avaient été conçus, mais aucun n'avait abouti. Les temps semblaient murs pour raviver et concrétiser ces projets. C'est ce qu'entreprirent de faire les conférences de 1864.
Économiquement parlant, le gouvernement de l'Angleterre trouvait que l'administration et la défense des colonies devenait de moins en moins rentable. Un traité de réciprocité avait été conclu entre les colonies du nord et les États-Unis en 1854, mais ces derniers qui devenaient de plus en plus protectionistes laissaient entrevoir que l'entente de libre échange ne serait pas renouvelée en 1864. Pour faire face à cette éventualité, le Québec et l'Ontario qui formaient alors la province du Canada-Uni, avaient regardé à l'expansion de leurs marchés vers l'ouest, mais lorsqu'ils entendirent parler d'un projet d'union des provinces maritimes, la possibilité de se joindre à une telle union retint leur attention. Des contacts avaient été amorcés à l'été 1864, même avant les conférences de Charlottetown et celles de Québec. Du point de vue politique, les colonies étaient constamment menacées par les États-Unis :
Trois conférences mèneront à la Confédération. On appelle Pères de la Confédération ceux qui ont participé à au moins une de ces conférences. |
La Conférence de Charlottetown eut lieu du 1 au 9 septembre 1864. Le but original de la conférence avait été de former une union maritime des colonies de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Île du prince Édouard. Au courant de l'été, la colonie du Canada-Uni fit des démarches pour participer à cette conférence, et Terre-Neuve y fut également invitée.
Conférence à Charlottetown (Î.-P.-É.)
© Domaine public., Crédit : G. P. Roberts., Bibliothèque et Archives Canada/C-000733 Dès la première journée de cette conférence, les délégués du Canada réussirent à convaincre l'assemblée d'envisager la possibilité de créer une confédération de toute l'Amérique du Nord britannique. Le gros de la discussion fut donc consacré à envisager ce que pourrait être une telle union :
À la fin de la conférence, on se donne rendez-vous à Québec un mois plus tard dans le but de concrétiser les projets de l'union envisagée. |
La Conférence de Québec eut lieu du 10 au 27 octobre, fut suivie de deux autres journées de sessions à Montréal, les 28 et 29 octobre 1864. L'objectif de cette conférence était de préciser et mettre par écrit le projet de fédération qui avait été proposé à la conférencee à Charlottetown, un mois plus tôt.
Si le gros du travail s'est fait en réunions, il ne faut pas minimiser le travail en coulisse et les nombreux échanges qui eurent lieu durant les fêtes mondaines qui aggrémentèrent cette conférence. Conférence de Québec, octobre 1864
Copie d'une peinture de Robert Harris, 1885, Bibliothèque et Archives Canada / C-001855 À l'issue de la conférence, une série de résolutions connues sous le nom de Résolutions de la Conférence de Québec ou encore simplement Les 72 Résolutions, qui constituaient l'ébauche de la première constitution du Canada.
Le nouveau pays serait dirigé par un gouvernement fédéral, composé d'une chambre haute dont les membres seraient nommés (Sénat), et une chambre basse dont les membres seraient élus par représentation proportionnelle (La chambre des communes). Le partage des pouvoirs entre les provinces et le gouvernement étaient défini, ainsi que la structure financière du nouvel état. |
Les 72 résolutions :
Le lien ci-contre vers Les 72 résolutions mène à une traduction officieuse du document. La texte de la version anglaise originale se trouve ici. |
La 70ième résolution s'énonçait ainsi : " Il faudra réclamer la sanction du Parlement impérial et des Parlements locaux pour l'union des provinces selon les principes adoptés par la Conférence" et la 72ième : "Les délibérations de la Conférence seront signées par les délégués et soumises par chaque délégation locale à son gouvernement respectif, et le président de la Conférence est autorisé à en soumettre une copie au gouvernement général afin que celui-ci puisse la transmettre au secrétaire d'État pour les colonies."
Le projet de la Confédération, aussi grandiose et noble fut-il, était loin d'être accepté par toutes les colonies. Lorsque le Premier Ministre, Samuel Leonard Tilley revint au Nouveau-Brunswick, il fit face à un barrage d'opposition, si bien qu'en 1865, il appelle une élection sur le sujet. Dans cette élection d'avant-Confédération, son adversaire Albert J. Smith remporte une écrasante victoire pour les opposants à la Confédération; mais la victoire de Smith était basée sur une coalition très fragile. Des divisions surgirent très rapidement. De plus, des raids de Fennians contre le Nouveau-Brunswick démontrèrent d'une façon très convaincante les avantage d'un pays uni. Une nouvelle élection générale eut lieu en 1866, et Tilley reprit le pouvoir. Sans perdre un instant, Tilly dépose une résolution d'acceptation de la Confédération et elle est remportée à 38 voix contre 1. On trouvra aux liens ci-contre l'accueil qui fut fait par les diverses provinces ayant pris part aux délibérations originales au retour de leurs délégués. |
On trouvera ci-dessous des détails sur les positions politiques des provinces qui ont participé aux conférences sur la Confédération :
|
Seules les législatures de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de la province du Canada-Uni approuvèrent l'union, et formeront le noyau original de ce qui deviendra le Canada d'aujourd'hui.
Puisque l'approbation du projet de loi qui entérinerait la Confédération relevait du gouvernement britannique, il fut décidé de tenir une conférence à Londres. La Conférence de Londres qui dura de décembre 1866 à mars 1867 ne comptait que 17 membres. Les Pères de la Confédération à la Conférence de Londres, 1866.
Reproduction autorisée par Rogers Communications Inc., Bibliothèque et Archives Canada/C-006799 Le mois de décembre fut consacré à reviser les 72 résolutions. Charles Tupper qui avait un gouvernement majoritaire en Nouvelle-Écosse, avait fait accepter le projet à la toute fin de son terme. Des voix très fortes s'y opposèrent dans la pressse et dans le gouvernement qui suivit. Joseph Howe se rendit même à Londres avec une délégation qui tenta de tout faire remettre en question.
Malgré les oppositions de part et d'autres L'Acte de l'Amérique du Nord britannique est rédigé. Durant le mois de février 1867, on en fait les trois lectures à la chambre des Lords. Il passe facilement à la chambre des communes, et la reine Victoria appose la sanction Royale à l'acte le 29 mars 1867. La loi entrera en vigueur le1 juillet 1867. Depuis 1867, de nombreux amendements ont été apportés à cet acte. Les premiers jours de Rogersville coïncident donc avec les tous premières années du Canada, et son existence est due au tout premier projet d'envergure du nouveau pays. La création de l'Intercolonial Railway, était la réalisation de la 68e résolution de la Conférence de Québec : "Le gouvernement général devra faire compléter sans délai le chemin de fer Intercolonial, de Rivière-du-Loup à Truro, en Nouvelle-Écosse, en le faisant passer par le Nouveau-Brunswick." |
Raconte-moi Rogersville...